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Pourquoi un Dictionnaire alimentaire?

3 ans de rédaction, près de 200 sujets abordés de façon scientifique et holistique... Pourquoi?
Pour promouvoir réellement une alimentation saine et durable!

A l’origine, le Dictionnaire ne devait être “qu’un jeu“ dans un atelier pédagogique. Mais pour que cet atelier soit officiellement reconnu, le Dictionnaire devait transmettre des connaissances et des gestes validés par nos institutions. Or les recommandations alimentaires officielles, telles que transmises en Suisse “à l’époque“, ne se souciaient ni des additifs, ni du niveau de transformation des aliments, de l’origine des produits, du rôle de l’intestin ou de l’intuition dans notre alimentation et notre bien-être...
Alors que transmettre? A quoi servirait-il de diffuser des recommandations alimentaires qui ne donnent pas, selon nous, les clés d'une alimentation saine et durable?

Le Dictionnaire de la Survie alimentaire, c’était l’alternative à ce discours. Pas la plus simple mais une des seules qui pouvait réellement revisiter notre rapport à l’alimentation.

"La seule information est celle que l’on va rechercher et que l’on peut confronter, au moins à notre sens critique".
Valentin Pasquier

Quels sont les principes du Dictionnaire?

Guidés par le sens critique
Animés par une approche holistique
Basés sur l'expérience

Le Dictionnaire alimentaire est une démarche personnelle et citoyenne de son auteur pour décrypter le monde opaque de l’agroalimentaire. Sa rédaction a toujours été motivée par l’intérêt public, loin des influences politiques et financières.

C’est pourquoi certains principes du Dictionnaire de la Survie alimentaire, développés avec sa rédaction, sont inscrits ici, en caractères inaliénables.

Principe n°1

Les informations vitales devraient toujours être gratuites et promulguées courageusement, au-delà des enjeux politiques et financiers.

Principe n°2

La recherche scientifique d’informations vitales devrait toujours être complètement exempte de conflits d’intérêts. On oublie vite qu’une opération de lobbying industriel réussie se paye souvent en vies humaines, animales ou végétales.

Principe n°3

L’information est aujourd’hui un vaste mot mêlant communication, désinformation, surinformation... La seule information est celle que l’on va rechercher et que l’on peut confronter, au moins à notre sens critique.

Principe n°4

Il n’existe pas d’alimentation ou de régime universel. Seule la connaissance de soi et l’intuition peuvent nous enseigner précisément "son alimentation saine".

Principe n°5

Le Pouvoir des consommateurs sera une des grandes clés du Changement.

Les 6 phases de développement du Dictionnaire

Comme un couteau, le sens critique doit être affûté. Suivez notre fil, des ateliers pédagogiques Adelante! à la fabrique d'ignorance des lobbys

Le Dictionnaire de la Survie alimentaire a traversé 6 phases de développement - 6 versions - pour atteindre cette teneur. Ce sont également des phases de maturation de son auteur…

Voici l’histoire du “Dico”, racontée par Valentin Pasquier.

Phase n°1 - Ateliers pédagogiques au Village de la Paix

C’était une association, un lieu et des gens que j’adorais côtoyer.

Là-bas, il y avait Adelante! le groupe de travail avec qui je construisais des ateliers pédagogiques pour ados, pendant mes visites en Suisse.

En ce temps, j’essayais de monter une chaîne de fast food « écologique » à Moscou. Mais le mot « écolo » n’était pas encore un concept à la mode et seuls quelques nouveaux russes (novyï ruskiï - les “nouveaux riches”) saluèrent le projet.
Le comble, c’est que c’étaient les mêmes chefs d’entreprises qui industrialisaient massivement l’alimentation et donnaient aux lobbys alimentaires des aires de mafia. Mais ils l’avaient bien compris : “écologique”, c’était le concept marketing du futur. Plus je me sentais devenir un “jouet marketing”, plus je pensais aux jeunes générations pour faire changer les choses…

Plus je pensais à Adelante!

Pour le 3ème atelier d'Adelante!, "alimentation", je devais créer un Dictionnaire alimentaire censé contenir un Savoir global sur l’alimentation. Il serait ainsi représenté sous la forme d’un immense grimoire. Alors j’ai commencé sa rédaction en y inscrivant mon modeste savoir de cuisinier (CFC 2010), complété par les recommandations officielles. Dans les grandes lignes, la première version ressemblait à cela :
- graisses et sucres : pas bon ;
- cholestérol - méchant ;
- protéines et vitamines : bons…
C’étaient des idées simples, trop simples. Plus tard j’ai appris que cette approche que j’appliquais et qu’on m’avait enseignée se nommait réductionnisme ou “l’art de réduire le monde à des concepts que l'on peut ranger dans des boites”.

Phase n°2 - Retour sur Terre

Des amis m’ont reproché de ne pas être assez critique des industries, des méthodes de productions polluantes ou des additifs, à quoi je répondais « ah ouais, c’est quoi le problème avec les additifs ? ».
A l’aide de leurs références, j’entamais ainsi mes premières véritables recherches en alimentation. Et j'y reçu le premier électrochoc. D’après leurs sources, des industries agroalimentaires produiraient sciemment des aliments malsains en jouant sur des réglementations insuffisantes...
… des lois produites par des institutions bien connues...
… avec parfois le concours de scientifiques...
… le tout au nez et à la barbe de l’État, qui se remet aux résultats de la science pour donner sa bénédiction...

C’était scandaleux! J’ai rallumé l’ordinateur et je suis parti en croisade contre tous ces imposteurs, tricheurs et criminels.

C’est sur ce chemin que j’ai rencontré le livre de Corinne Gouget, "Additifs alimentaires : danger!" , un guide phare au niveau des additifs, qui a beaucoup nourri mon système de pensée à cette époque.

Ainsi sortit la 2ème version du Dictionnaire alimentaire, un livre dénonciateur aux accents révolutionnaires, dont j’étais particulièrement fier!
A la demande du groupe, perplexe, je l’ai donnée à corriger à 2 de mes anciens professeurs avec qui je gardais de bons rapports. Je ne doutais pas une seconde de leur validation.
Mais si le premier m’a félicité pour avoir au moins produit quelque chose, le 2ème a démoli mon "œuvre", du fond à la forme et une phrase résonne toujours en moi : « tu iras en prison avec un bouquin pareil ! ».

Phase n°3 - Blinder ses sources

Après 3 heures de discussion sur mon “œuvre“ avec mon professeur, il s’est avéré que je devais davantage nuancer mon discours, développer une pensée objective - beaucoup plus capable de toucher les gens qu’une approche révoltée et subjective - et surtout blinder mes sources.
C’est aussi là, à cette terrasse du Marcelo, en face de l’école professionnelle de Fribourg, qu’il m’a glissé à l’oreille... que Corinne Gouget, mon "mentor", s’était suicidée sous la pression des lobbys, après 7 ans d’harcèlement et de procès autour de son livre, qui lui enlevèrent tour à tour la garde de ses filles, sa maison, son bien-être et sa vie.
Mais c’est aussi là qu’il m’affirma avec beaucoup de complicité, que "même un mort porte la responsabilité de ses dires et de ses écrits" … Une seconde plus tôt, j’avais perdu tout espoir en apprenant le drame de Gouget ; maintenant, je "nous" sentais plus forts que jamais: chaque militant descendu par un lobby apporte de la matière juridique ou médiatique aux autres, permettant de se dresser un peu plus à chaque fois. Cette définition du martyre était plutôt agréable, agréable de savoir que si je meurs pour des idées, mon corps fera un excellent terreau.

C’est dans cette phase là que j’ai commencé à rencontrer des spécialistes et vraiment ouvrir des livres, surtout animé par l’idée de blinder mes sources, trouver des morts ou des vivants qui protègeraient mes théories simplistes et révoltées. J’ai repris tous mes textes, arrondi les angles avec un ton scientifique et des termes tels que “souvent” ou “majoritairement”, ajouté de nombreuses sources, développé les sujets.
La forme commençait à prendre, mais il manquait beaucoup de sincérité et de fond...

Phase n°4 - La sincérité

… c’est un truc qui vous pète à la gueule si elle est trop longtemps ignorée !
J’étais presque autant fier de ma 3ème version que de la 2ème à l’époque. Pourtant je savais au fond de moi que je pouvais faire beaucoup mieux. Je n’étais convaincu ni de mon mode de recherche ni des résultats obtenus. Et par-dessus tout, le ton alarmiste et savant utilisé pour démontrer tout cela ne me correspondait pas.

Le déclencheur, c’était cette expérience :
Je tentais de développer un outil pour le Dictionnaire qui aiderait à repérer les produits industriels malsains dans les magasins. En apprentissage, j’apprenais en effet que, plus c’est industriel plus c’est mauvais. Simple comme règle à appliquer. Mais plus je me grattais le cuir chevelu, plus le sens logique m’échappait:
Primo, on ne peut pas mesurer le niveau d’industrialisation d’un produit, car le terme "produit industriel" est générique et s’oppose simplement à "produit artisanal".
Secundo, certains artisanats utilisent régulièrement des additifs alors que certaines industries appliquent des principes très écologiques...
La qualité d’un aliment ne dépendrait-elle pas plutôt de son niveau de transformation... ?
... quelques recherches dans ce sens et…
... bingo...
... en effet...
... et quand un aliment subit trop de processus, on appelle ça un produit ultra-transformé...
... et c’est très mauvais pour la santé...
... et ça fait plus de 10 ans que cette théorie est démontrée scientifiquement dans des recherches holistiques !

J’ai vécu, ce jour-là, la plus terrible trahison de ma vie.
On m’a menti, pendant des années, avec des théories nutritionnelles obsolètes sur des sujets vitaux... d’autant plus vitaux que j’étais cuisinier et que je diffusais ce savoir en nourrissant les gens avec. Pourquoi avoir caché cette évidence?! Pourquoi aucune institution ne nous informe que le niveau de transformation d’un aliment pourrait être tout aussi important que les nutriments qui le composent?!

En quelques mois, j’ai avalé 5 livres à la pointe des recherches en alimentation, ressorti tous les articles de journaux que mon père mettait de côté depuis des années, acheté un nouvel ordinateur pour recommencer les recherches sans algorithmes...
Sur la forme, j’ai posé le fond. J’ai repris à la base tous mes sujets, rajouté une bonne dose de sens critique et balayé les informations qui ne peuvent être approchées ni par la logique ni par les sens.

C’est ainsi que j’ai retrouvé la sincérité.

Phase n°5 - Quand on sait, on cesse d’avoir peur

A partir d’un certain niveau de connaissance et de conscience, le grand voile du doute se lève et on aperçoit le Monde tel qu’il est : un environnement terrible mais réel.
On y trouve une sphère financière qui donne le tempo, un échiquier politique international, des institutions obsolètes, une science qui a oublié sa raison et derrière tout ça, une humanité plus écrasée, fragile mais résiliente que jamais.
Avec un système de pensée “normal“, cette énumération est indigeste. Mais quand la compréhension du Monde devient si vaste et holistique qu’on “sent” chaque élément qui le compose, on accepte le Monde tel qu’il est. Sans peur et sans jugement (ou presque).
La compréhension nous libère de nos peurs, l’ignorance nous enferme avec.

En analysant la source de mes émotions “négatives” - ces peurs et ces colères qui m’empêchaient d’être moi-même et de me positionner sereinement dans le monde de l’agroalimentaire - j’avais mis le doigt sur quelque chose de très, très important :
→ c’est l’ignorance qui fragilise notre système de valeurs
→ c’est dans cette fragilité que se construisent nos colères (= discours révolté, “complotiste”) et nos peurs (= discours normatifs, “conformiste”)
→ ce sont ces mêmes émotions qui tuent notre sens critique
→ c’est l’absence de sens critique qui nous maintient dans l’ignorance.
La boucle est bouclée. Le destin du monde aussi.

Nous sommes en plein Covid, ma théorie se vérifie : les gens font n’importe quoi, balaient toutes leurs valeurs pour mieux cultiver colère ou peur. Ils ne s’informent bientôt plus qu’à travers les médias qui relayent leur émotion, ne côtoyant que les gens qui font de même. Le sens critique devient une denrée rare et l’ignorance découvre un terreau incroyable pour prospérer.
Heureusement pour l’humanité, l’ignorance ne tue pas. Elle nous enferme seulement, en cachant les clés de notre système de pensée et en nous coupant de nos sens. Au final, nous perdons juste notre souveraineté.

Le virus, lui, tuait réellement des vies. Mais dans l’équation humaine, comment peut-on mesurer la valeur de la vie? Pour sauver une vie, combien d’autres sommes-nous prêts à enfermer? Et de ces vies enfermées, combien se libéreront une fois la crise passée?

Comme il manquait des données à l’équation, je me suis plongé dans les mécaniques de l’information. Je voulais comprendre comment une information se construisait, qui lui donnait vie et pourquoi. J’espérais trouver Big Brother derrière tout ça mais, hélas, c’était bien pire. Les techniques de communication se développaient depuis quelques années par elles-mêmes. Sur le web et les réseaux sociaux, leur contrôle avait parfois déjà échappé à leurs concepteurs.
Une machine infernale, actionnée par des algorithmes de productivité marketing, gérait le flot d’information de milliards de personnes et dictaient aux utilisateurs, le comportement numérique (et physique) à adopter.

Encore une fois, c’était terrible mais réel.
Malgré tout, cette expérience me dessina un nouvel horizon du Monde. L'humanité avait un ennemi commun, la “machine à ignorance”.
Ce qui nous ramenait à un but commun : résister à l’ignorance ! C’est ainsi que le Dictionnaire alimentaire prit sa toute dernière forme, une forme humaine. Pour défendre les valeurs universelles de l’humanité, le Dictionnaire s’est armé de lyrisme, de passion et de bienveillance, des flux qu’aucune machine ne pourra jamais maitriser et qui dilatent les sens au lieu de les enfermer.

Phase n°6 - On prend les mêmes et on recommence

Nutrition, diffamation et aspects juridiques, pédagogie, domaine public, tons complotistes, cohérence des liens et des sujets… 6 correcteurs passe le "Dico" au peigne fin.
En tout, 5 corrections des 160 pages du Dictionnaire de l’époque me sont revenues, la première après 4 jours, la 5ème après 8 mois. Quant à la 6ème correction, elle arriva par petit paquet d’environ 10 pages, à raison d’un envoi par mois pendant une année et quelques sujets en souffrance.

Alors que je pensais être devenu un "expert" des enjeux agroalimentaires, chaque correcteur, l’un après l’autre, m’obligea à déconstruire les sujets et les reprendre encore une fois depuis les bases. C’était extrêmement pénible et même humiliant : allez dire à un "expert" qu’il ne sait, en vérité, pas grand-chose et qu’il doit retourner à l’école.
Mais après 2 ans de combats et de sacrifices, j’ai coincé mon ego dans la poche et j’ai payé le cours: il fallait coûte que coûte arriver au bout du Dictionnaire.

C’était un peu comme une de ces courses où l’on commence le sprint final trop tôt. Quand on a déjà tout donné et qu’on s’aperçoit que la ligne d’arrivée est encore loin, on commence à tituber, puis on recherche au fond de soi des forces insoupçonnées... et parfois, on découvre une famille et des amis qui nous soutiennent de tout leur cœur et nous tirent jusqu’à la ligne d’arrivée!

Le Dictionnaire de la Survie alimentaire, c’est la médaille de cette longue course.

"La seule information est celle que l’on va rechercher et que l’on peut confronter, au moins à notre sens critique".